Gabriel. Se nom sonnait juste et bon à mes oreilles. Ce simple prénom avait pris un sens très développé dans ma vie. Une place si grande que je n’aurais plus su m’en passer. Les deux mois qui me séparaient de lui m’étaient déjà pénibles, alors rien que l’idée de ne plus l’avoir à mes côtés à jamais m’était inimaginable. Parfois, cette relation fusionnelle qui nous unissait me faisait peur, m’inquiétait un peu. Il était la première personne à qui j’accordai une totale confiance, et bien que je ne doute point de sa fidélité, c’était nouveau pour moi de m’accrocher d’une telle manière à un homme. Ou du moins l’était-ce il y a quelques années. A présent, cela faisait 4-5 ans que nous étions ensemble et que nous vivions l’amour parfait, passionnel, indestructible. Nous étions un des couples les plus populaires du Poudlard – bien que ceci ne fut qu’un détail à mes yeux -, celui qui avait tenu malgré les coups durs pendant tant d’années. J’en étais fière, et surtout heureuse. Mes sentiments pour lui n’avaient pas changé le moins du monde depuis le premier regard, la première parole, les premiers contacts. A sa présence, je ressentais toujours cette flemme en moi, cette boule au ventre qui m’avait tant contrariée les toutes premières fois. Il était l’homme parfait, à mes yeux. Un peu têtu et trop téméraire, parfois, mais parfait. Pendant longtemps, je m’étais demandé milles et une fois les raisons qui l’avaient poussé à me choisir, moi, alors que Poudlard était un musé de jeune fille plein de charme, d’atouts séducteurs ou intellictuels qui ne demanderaient certainement pas mieux que de devenir la petite amie du beau gryffondor. Et je me demandais encore comment il faisait pour supporter mes sautes d’humeurs et mon caractère parfois invivable. Tout ce dont j’étais certaine, c’était que je ne voyais plus ma vie sans lui, que je l’aimais énormément, peut-être trop, et que lui aussi, je pense qu’il était fou de moi. N’était-ce pas tout ce qui comptait ?

Depuis la rentrée, j’avais eu l’occasion de le croiser à plusieurs reprises, notamment au banquet d’ouverture, puis dans la salle commune ou nous avions échangé des baisers de retrouvailles, ou encore dans les couloirs entre les cours ou nous nous faisions de grands sourires et un signe de la main. Néanmoins, je n’avais pas encore eu l’occasion d’avoir une conversation en privée, rien que nous deux en tête à tête, et j’attendais ce moment avec impatience. Je me voyais déjà le serrer dans mes bras, sans m’inquiéter des regards indiscrets, l’embrasser sans retenue, lui dire à quel point il m’avait manqué et à quel point je l’aimais. Cette scène, je la rêvais à toutes les rentrées, et je la savourais lorsqu’enfin elle devenait réalité. Il n’y avait rien de plus merveilleux que le moment où nous nous retrouvions rien que tout les deux après deux mois de séparation. Et cette année ne faisait pas exception. Sauf que je ne savais pour quelle raison, ce moment tardait beaucoup trop à mon goût. A chaque fois, nous nous retrouvions dans la salle commune autour de première année qui faisaient connaissance, autour de quatrième qui parlaient déjà de leur prochaine buse, des anciens joueurs de quidditch qui parlaient de leur premier match, et j’en passe. C’est pourquoi cette année, j’avais décidé de prendre les choses en main et d’organiser nos vraies retrouvailles, étant de nature impatiente et capricieuse. Assise dans un fauteuil au couleur de gryffondor, j’écrivais une lettre de ma plus belle écriture.

« ●● Je peux savoir a qui tu écrits de cette belle écriture, Leen ?
A ●● Ce n’est pas difficile à deviner… »

Je répondais à mon amie le sourire aux lèvres, l’air enjoué. Elle comprit directement et m’adressa un clein d’œil complice avant d’aller se joindre aux conversations des autres tandis que je replongeai dans mon écriture. Je lui demandai juste de venir me rejoindre à 11 heures ce soir, alors que tout le monde serait endormi. Bien que j’aie beaucoup à lui dire, je préférais attendre de le voir en chair et en os. Une fois la lettre terminée, je m’approchai de la fenêtre et appelai ma chouette, Alceste, qui arriva aussitôt. « Apporte ça à Gabriel. » lui dis-je avant de refermer la fenêtre alors que l’animale s’envolait déjà en hululant. Je soupirai d’impatience et regardai ma montre. 20 heures. Mon chéri n’était pas très casanier, j’avais pu le remarquer à de nombreuses reprises. Aussi je ne m’inquiétai pas de ne pas le voir parmi tout ces gryffondors qui bavardaient gaiement dans la salle commune en attendant l’heure d’aller coucher. Moi, je guettais cette heure, observais sans cesse l’aiguille des secondes tourner lentement… Trop lentement. Et les heures passèrent, une après l’autre. Bientôt, 11 heures sonna. Aucune trace de Gabriel. Il restait deux personnes en plus de moi dans la salle commune, qui paraissait vide comparée à il y a une heure.

« ●● Tu ne vas pas dormir ?
A ●● Non, je ne suis pas fatiguée, je termine un devoir puis je monte.
●● Très bien, mais ne t’éternise pas trop, hein. »

Je souris en guise de réponse à ce grand garçon de dernière année, qui était un peu comme notre frère, à tous les gryffondors. Mais une fois que les deux amis eurent fermé la porte du dortoir des garçons, mon sourire s’évanouit. Mon chéri n’était certes pas d’une grande ponctualité en temps normal… Ce moment n’était pas normal. Il s’agissait de nous revoir après deux mois. Pour la première fois, je me demandai si Alceste, à qui je n’avais pourtant jamais rien eu à dire, avait fait son boulot. Agacée, je m’approchai de la fenêtre et observai la lune, qui formait un magnifique rond scintillant que laissaient parfois entrevoir les nuages sombres. Je la trouvai magnifique, ce soir. Je l’admirai ainsi pendant une petite heure, puis la fatigue eu raison de moi. Je m’assis à nouveau, puis m’endormis. Ma dernière pensée fut pour Gabriel, qui me laissait bien seule, ce soir…