Atropos, c'est le genre de fille qu'on croit connaître au premier coup d'œil. Elle donne l'impression qu'on sait tout d'elle au bout de deux minutes passées en sa compagnie. Beaucoup s'y sont trompés, rares sont ceux qui ont su comprendre son stratagème. Parce que sans en avoir l'air, Atropos, elle se défend des autres. Elle garde une distance de sécurité. Elle ne s'approche pas (genre toute naïve) de ses contemporains. Non, elle préfère les regarder de loin. Alors bien sûr, les rumeurs vont vite sur son compte. Depuis toujours c'est comme ça. Vous en voyez beaucoup, des filles aux longs cheveux bruns, les couper du jour au lendemain à cause d'un pari, d'une provocation ultime ? C'est tout Atropos. La plupart du temps, elle a quelque chose dans la bouche, un cure-dent, sa baguette, un crayon, une cigarette. Tout convient. Alors bien sûr, les pervers proposent d'autres objets que ceux qu'on lui voit habituellement mâchouiller nerveusement. Parce qu'Atropos, elle se méfie des autres et de leur compagnie, et qu'elle en devient nerveuse à force. Elle, pour tout vous dire, c'est pas forcément un cadeau. C'est vrai que c'est pas le genre de fille avec qui les mâles rêvent de faire leur vie. Non, ils imaginent plutôt l'avoir une ou deux fois dans leur lit, et après basta. Sur ce coup-là, Atropos ne s'en formalise pas. Elle s'en fiche un peu, pour tout dire. C'est pas un problème. Elle aime presque ça. Mais ce qu'elle aime pas, c'est les petits malins qui viennent lui faire des propositions douteuses et qui la traitent comme une traînée à n'importe quelle heure de la journée… Surtout au repas. Oui, au repas, elle les déteste encore plus. Pas moyen de manger tranquille. Elle prend sur elle, hein, faut pas rêver non plus, elle va pas leur faire le plaisir de craquer en pleine Grande Salle. Mais après elle se venge, dès qu'elle peut. Et elle est pas cool du tout lorsqu'il s'agit de faire comprendre à un gamin de troisième année que ça n'est pas parce qu'il a entendu des grands de septième année se moquer d'elle qu'il peut se permettre d'en faire de même. Elle a eut quelques emmerdes à cause de sa susceptibilité et de sa fâcheuse manie de régler ses problèmes par elle-même. La concierge a longtemps été l'adulte qu'elle a le plus vue, parce qu'il s'agissait de nettoyer les cochonneries qu'elle avait faites. Non, ne vous effrayez pas immédiatement, ça ne devenait pas sanglant. Juste terrifiant, histoire d'apprendre les bonnes manières aux nains.
En somme, il ne faut pas

— embêter Atropos
— lui faire des propositions douteuses quand on est en dessous de la 5e année
— s'amuser et ricaner lorsqu'elle passe
— aller lui casser les pieds au déjeuner (et au dîner aussi, elle est encore moins patiente)

Outre les taquineries et autres embêtements dus aux jeunes élèves mâles avec un dysfonctionnement cérébral notoire, Atropos a quelques problèmes. Elle est extrêmement vulgaire, ce qui lui doit des retenues et autres punitions lorsqu'elle doit répondre à une question du professeur. Sa vulgarité et sa grossièreté linguistique lui valent d'autres moqueries de la part de ses camarades de septième année -mâles aussi- qui lui proposent de lui laver la bouche de certaines manières. Là aussi, elle se fâche, ou laisse passer mais se venge après. Tout dépend du contexte et de ce qu'elle a pu dire juste avant. Elle a quand même une chance incontestable, les hommes ne sont pas ignobles au point de la punir lorsqu'elle leur parle durement et les envoie paître à l'aide d'expressions toutes plus crues les unes que les autres.
Son autre problème en est un d'ordre familial. Voyez-vous, il y a une raison spéciale pour laquelle ses parents ont quitté la Norvège quelques années avant qu'Atropos ne voit le jour : son père, Vladislaw SILVERNESS, a eu quelques démêlés avec la justice norvégienne pour des histoires de contrebande, et de liens avec des organisations clandestines illégales et criminelles. Seul problème, jusqu'au début de l'année 2060, il n'avait pas vraiment de craintes… Sauf que, mi-mai 2060, soit vers la fin de l'année scolaire précédente, il s'est fait coincer par la Brigade Magique britannique (en partenariat avec le Ministère de la Magie norvégienne) et il a été envoyé à Azkaban, pour y moisir pendant une dizaine d'années. Résultat, pas de lettres, pas de nouvelles, et Atropos le vit pas très très bien. En même temps, il faut pas paraître stupide, ça pendait au nez de son père depuis un certain temps… Ça l'embête juste que ça soit tombé pendant ses études, parce que les journaux sorciers l'ont mentionné, et qu'on l'a regardé de travers avant de lui demander si jamais son père la forçait à la prostitution… Vous imaginez la réponse qu'a reçu l'abruti qui a posé cette stupide question malintentionnée.

Personellement, on ne peut pas dire que ma vie soit rose, belle, joyeuse et tout. On ne peut pas non plus dire qu'elle soit laide, triste et insupportable. J'ai eu une enfance fabuleuse, j'ai découvert mes pouvoirs à 7 ans (comme la plupart des enfants sorciers) en faisant exploser un vase que je trouvais hideux, et j'ai eu des amis jusqu'à ce que mon corps ne prenne des formes féminines qui en plus de faire baver les mâles leur font dire les pires âneries possibles. Certaines que je laisse passer, d'autres que je fais payer. Logique, non ?
Ça fait sept ans que je suis à Poudlard, sept ans que j'y étudie, sept ans que mon langage ne s'améliore pas (sauf en Runes, là, ça s'améliore de jour en jour), sept ans que j'arpente les couloirs et que je croise les mêmes professeurs, les mêmes camarades, et les mêmes fantômes. Généralement, Peeves me harcèle dès qu'il me tombe dessus, et m'accuse de toutes les saletés possibles, si bien que quand la grosse Medbewn amène son tas de lard, elle me tombe dessus et je suis bonne pour récurer le sol à la brosse à dents jusqu'à deux heures du matin. Heureusement, je ne suis pas la seule sur qui elle s'acharne, ça aurait été fortement injuste. Mais reprenons. J'en suis à ma septième année. Je suis majeure depuis près de dix mois, j'aurais pu trafiquer pour aller finir mes études à Dürmstrang, là bas dans l'Est, mais ma mère s'y est opposée, en me rappelant qu'un père à Azkaban n'allait pas me faciliter l'entrée dans une autre école que Poudlard. Alors y étant depuis le début, j'y suis restée.

Je suis fille unique, vous l'aurez peut-être deviné, mais il est des moments où j'aurais voulu être cadette, et avoir un grand frère qui aurait pu botter le cul de tous ces crétins. Je peux le faire toute seule, certes, mais à la longue, ça devient lassant, disons-le franchement. Simple, non ? En même temps, les plaisanteries, ça dure depuis longtemps. Au départ, c'était mignon et gentillet, du style de plaisanterie sur les prénoms. Avoir le prénom de la moire qui tranche le fil de la vie, ça aide toujours à aller loin. Résultat, en Divination, je suis généralement celle à qui on demande de lire ce qu'il y a dans la boule de cristal (souvent rien). Mais en développant son imagination, on peut voir tout et n'importe quoi, notamment la face de rat du dernier emmerdeur écrasée par une horloge massive… Mais bizarrement, on m'arrête avant que je n'aie fini ce genre de prédiction, allez savoir pourquoi.

En parlant de Divination, il serait peut-être temps que je me rende en cours, je vais avoir au moins dix minutes de retard, ça va être parfait pour me faire renvoyer et aller me poser dans le parc pour regarder les nuages défiler dans le ciel.
Quand même, ma vie pourrait être pire. Imaginez si ma mère décide de me marier à un de mes camarades obsédés et pervers de Poudlard. La bonne blague !