Il avait encore une fois séché son cours d’histoire de la magie, et il savait que le professeur Rodriguez n’hésiterait pas à le coller une fois de plus. Bah, de toute façon, il était tellement habitué à venir passer ses vendredi soir dans le bureau de la prof, que cela ne l’affectait plus. Il faut dire que la compagnie du professeur ne le dérangeait guère, car pour son âge, elle était loin d’être repoussante, et Jorden avait toujours affectionné les latinos. Il aurait pu aller à l’infirmerie, le motif de son absence aurait parut plus crédible auprès de la Directrice adjointe, mais tant pis. Il se débrouillerait, comme d’habitude. Il faut dire que le Serpentard n’avait pas envie de se faire sermonner une fois de plus par l’infirmière qui lui répèterait les effets nocifs de l’alcool sur la santé pendant un bon quart d’heure avant de lui administrer une potion énergisante au goût amer. En un mot : imbuvable. S’en suivrait des reproches d’Esmeralda Colombs, sa meilleure amie, qui lui en voudrait toute la matinée de jouer avec sa santé et d’être aussi égoïste en pensant que cela n’attristerait personne s’il lui arrivait quelque chose. Non, décidément, Jorden n’était pas prêt à affronter une telle matinée, si bien qu’il décida de prendre son mal en patience, et de ne pas aller à l’infirmerie. Il se retourna dans son lit, alors qu’un mal de crâne l’assaillait, ainsi qu’une irrémédiable envie de vomir. Pourquoi Diable avait-il fait la fête trois soirs de suite ? Oh, il savait très bien pourquoi, et recommencerait encore et encore si s’était à refaire. C’était un grand fêtard après tout, et, il était connu pour ça. Il se décida pourtant à quitter son lit, et à aller rejoindre quelques amis qui trainaient dans la salle commune. Dans l’heure qui suivit, ils finirent le reste de bouteilles qu’ils n’avaient pas bu la veille et alors que ses amis s’étaient endormis comme des masses sur les fauteuils de velours vert, Jorden sortit de la salle. Les mains dans les poches, en titubant, il rejoignit les toilettes des hommes. Par chance, il ne vit personne sur son chemin pour voir l’état déplorable dans lequel il se trouvait. Lorsqu’il pénétra dans les toilettes, il remarqua la présence d’un jeune homme –quoi de plus normal, il se trouvait dans les toilettes des hommes, cela prouvait au moins qu’il ne s’était pas trompé- et reconnut Dubois, un Serpentard d’une année son cadet. Ils s’étaient connus lors d’une soirée entre garçons dans leur salle commune respective.

« Alors Jorden, pas trop dur le réveil ce matin ? »

Le garçon ne répondit pas. Il s’avança vers les lavabos et s’appuya contre le rebord en s’observant dans la glace. Jorden n’avait jamais été si mal en point. Lui qui d’habitude respirait la santé, le charme et l’élégance, il faisait pitié à voir. De toute façon, il était trop ivre pour s’en rendre compte ou même pour discerner quoi que ce soit. Il répondit d’une voix plus enrouée qu’à l’ordinaire, ses yeux pétillants de malices et de désirs à peine masqué.

« Aussi facile que le tien je suppose. T’as cours là ? Sinon, j’aurai proposé de me tenir compagnie… »

Le serpent desserra quelque peu sa cravate, et passa a son tour de l’eau sur son visage, histoire de se « réveiller » un peu. Un sourire pervers vint tirer ses traits fatigués. Il s’approcha de l’autre Serpentard, titubant, et pourtant il restait toujours aussi élégant. Il était en trop mauvais état pour penser à quoi que se soit. De force, il retourna Dubois vers lui et s’enquit de le débarrasser de son haut d'uniforme. Il avait déjà une idée derrière la tête, son esprit diabolique tournait à plein régime. Etant plus âgé, plus grand aussi, il dépassait d’un peu moins d’une tête le plus jeune, et c’est sans difficulté que le veston de Dubois tomba au sol dans un froissement de tissu. Howard arrêta son geste, et fixa le sixième année.

« Quoique, peut-être que tu préfères jouer les vierges effarouchées, non ? On m’a dit que les sixième années aimaient jouer les prudes. »