· Lumos, murmurais-je, consternée plus qu'effrayée.

Les professeurs, allant se coucher, avaient éteint les dernières chandelles qui restaient allumées dans le château. Je les imaginais dans leurs robes de chambre vieillies, les cheveux des femmes défaits, les pantoufles aux pieds. Je voyais le domaine endormis, jusqu'à ce que je me rappelle qu'il y avait, à part nous, d'autres personnes éveillées. Les Aurors veillaient, ils marchaient dans les couloirs, leur baguette prête à servir. J'eus alors peur que l'un d'entre eux ne passe devant les portes de bois de la bibliothèque et n'ai entendu mon cri. Mais aucun cliquettement de serrure ne se fit entendre, si bien que j'emboitais le pas à mon sinistre compagnon, peu désireuse de rester seule.


· Pourquoi ne rallumons pas simplement les bougies ?

Le bruit de nos pas résonnait sur les murs, et ma voix, claire et d'un volume tout à fait normal, se joignit à eux. Les agissements d'Heathcliff m'étonnaient. Je pensais qu'il était prêt à tout pour me voir déguerpir. Si c'était réciproque, je ne pus empêcher mon cœur de se serrer. Parfois, je voyais un charme nouveau prendre source dans ses yeux si explicites. Cela ne durait malheureusement qu'une seconde. J'en venais à penser que sa seule qualité était sa beauté. Avait-il des amis ? Si oui, je les plaignais sérieusement. Il était d'un ennui mortel.

Nous avancions vers le fond de la salle, et je me demandais ce que nous allions y faire. Lire des bouquins à la lueur de nos baguettes ? Si c'était ça, j'aurais mieux fait de rester à mes Hauts de Hurlevent. Il allait me tendre un manuel de potions que je devrais apprendre pour le lendemain matin ? J'étais fatiguée d'avoir été tirée de mon sommeil si brutalement. Argh ! Je le détestais... S'il n'était pas venu m'ennuyer, je serais toujours entrain de dormir, paisiblement et tranquillement. Peut-être mon cauchemar aurait-il prit fin ? De toute façon, c'était mieux que ce que j'étais entrain de vivre.

Une couverture de livre attira alors mon attention, et je délestais l'autre Gryffondor de ma présence. C'était un manuel de magie noire, rugueux avec une étoile à cinq branches sur la première de couverture. Je haussais un sourcil. Que faisait-il là ? Ces ouvrages étaient sensés se trouver dans la Réserve. Mme Pince n'aurait jamais permit à qui que ce soit de le retirer. J'en vins à me poser la question : Etions-nous réellement seuls ?


· Il y a quelqu'un ?

J'entendis des pas se rapprocher, et mon coeur cogna douloureusement mes cotes. Je voulais savoir qui rodait dans les rayonnages. Je fus décue lorsque je vis apparaitre la tete exaspérée d'Heathcliff.









*motivééée ^^'*

Spoiler:

Mes doigts caressèrent la couverture du livre. Elle était rugueuse comme de la peau de serpent, et brillante comme l'eau qui reflétait le soleil. Mon regard était hypnotisé par l'étoile machiavélique qui était dessinée au centre, avec une encre semblable à du sang. Elle reluisait plus que le reste. Mon index suivit ses contours, remarquant le relief impossible à voir à l'oeil nu. Je glissais vers le bord, me préparant à l'ouvrir, complètement inconsciente de ce que je faisais. Les pages étaient douces, en contradiction parfaite. Il s'ouvrit, et je repris connaissance.

Pourtant, je ne m'arrêtais pas. Je feuilletais l'ouvrage, écrit rouge sur blanc dans une langue qui m'était inconnue, faite de symboles et de latin. J'imaginais mes yeux brillants, comme s'ils étaient baignés de larmes. Mes mains recommencèrent à tâter le papier, et je me rendis compte d'une tâche dans le bas à droite, en relief : comme le pentagramme. Mon coeur s'emballa, et je pressai. La bosse s'applatit et une goutte de sang en perla. Elle roula jusqu'au bord et vint gracieusement se poser sur ma chaussure. Bizarrement, je sentis l'impact, et je ne pus m'empêcher de recommencer. Je pressai, une nouvelle goutte se forma. Je la regardais, subjugée mais sans expression sur le visage. J'étais calme en apparences, mais à l'intérieur, c'était la tempête.

J'entendis des pas revenir, et me rendis compte que j'avais oublié mon compagnon de cellule. Je relevais la tête, à nouveau en transe. Le feu brûlait en moi, et j'avais l'impression que mes yeux avaient changé de couleur pour devenir oranges. Ma bouche s'ouvrit, la tête me tourna, mais mes yeux refusèrent de se fermer. Ma bouche toujours ouverte, comme si j'allais parler, ne se referma pas non plus. Je devais faire peur. J'étais à moitié consciente, et à moitié contrôlée. Ma main se leva devant mes yeux sans que j'eu commandé quoi que ce soit. Je vis alors nettement du sang couler de mon doigt jusqu'à mon poignet, laissant une trace rouge sur ma paume. Je vis la blessure, provoquée par quelque chose que je n'avais pas senti. Deux minuscules points à côté de mon ongle.

J'étais figée, tandis que le sang continuait à couler étrangement vite pour une si petite éraflure. Mon coeur, d'un coup, s'emballa et ses pulsations rendirent toutes paroles vaines. Je sentis un rictus de peur se former sur mes traits, et je baissais la main en une fraction de seconde. Mon regard plongea dans le bleu de celui d'Heathcliff, et sans lui demander son avis, je m'élançais vers la porte du fond. Je me mis à tambouriner, sans raison. J'étais partagée, un mur se dressait entre le moi conscient et le moi inconscient. Comme si un brouillard recouvrait l'autre partie de mon cerveau. Il semblait contrôler mes gestes, mais je ne pouvais rien prédire. J'étais terrifiée... par moi-même.