« Gabriel ! A table ! »

Elle m'appelait, encore. Mais je ne l'écoutais pas, je ne l'écoutais plus. Je préférais lire les livres de magie, d'histoire. Tout cela me passionnait, plus que tout. J'aimais apprendre, j'aimais m'instruire. Et ma soif d'instruction était plus grande que ma faim, a vrai dire. A l'époque, j'étais jeune, trop jeune. J'étais encore insouciant, un peu maladroit. C'était le début de l'été, et déjà, il faisait très chaud. Alors j'avais ouvert la fenêtre de ma chambre, comme pour essayer de faire entrer la fraicheur de la soirée, qui précédait une journée très estivale. Le chapitre que j'étais en train de lire, mais que je ne comprenais pas, s'intitulait: « défense avancée contre les dragons ». Je n'avais jamais vu de dragons, mais j'aurais aimé en voir. Non, ce soir là, je n'allais pas voir de dragon, mais une créature encore plus répugnante. Il se faisait tard, et je laissa trainer mon regard par la fenêtre. Une pleine lune brillait de milles feux dans le ciel dépourvu de nuages. Une belle soirée.

Des pas dans le couloir, et je vois ma mère, belle, intelligente, gracieuse, arriver. Elle était mon exemple sur terre. Elle était ce que j'avais de plus cher. Jamais je n'aurais pensé, que, dans quelques minutes, j'allais la perdre... Jamais. Parce que comment voulez vous qu'un gamin de 10 ans, même pas, imagine ce qu'il allait se passer dans quelques minutes. Comment l'imaginer..? Alors elle entra dans la pièce, et posa son regard azur dans le mien. Je la connaissais, ma maman, et je savais comment éviter la colère. Quand je faisais mon petite sourire, comme celui ci, je savais qu'elle ne pouvait y résister. Je le savais...

Alors je me suis levé, et nous sommes descendu pour aller manger. Ce soir, elle m'avait préparé mon plat préféré. Ce plat venait de France, et, quand nous étions allé là bas, on en avait mangé presque tous les jours. On en avait fait une indigestion, mais on aimait tellement ça. Je crois que le truc s'appelle, en français, du crassouillet... Non? C'est avec des saucisses, de la viande, et des haricots blancs... Enfin, on mangeait ça dans le sud, vers les montagnes. Alors, je me suis mis à table, et je me suis servit une bonne assiette. Je commençais à manger, ou a dévorer, je devrais dire, quand tout à coup j'entendis un bruit dehors. J'ai un peu sursauté, car dans notre maison, qui était à la lisière de la foret, il n'y avait jamais personne, dehors, a cette heure ci. Je me suis levé pour aller voir, par la fenêtre, quand j'entendis ma mère, derrière moi, me disant que c'était surement le vent. Oui... Le vent.

Le goût exquis des haricots me fit oublier le bruit que je venais d'entendre, quand tout a coup, on entendit une vitre se briser. Ça venait d'en haut. Me mère saisit sa baguette, puis commença a se lever. Elle se dirigea vers les escaliers. J'avais peur, mais je voulais voir ce qui se passait, alors je suis allé chercher le tisonnier, près du feu, et je l'ai suivit. Elle m'a dit de rester à la cuisine, mais je ne l'ai pas écouté. Je voulais la protéger. Tenant mon tisonnier à deux mains, je regardais dans l'escalier, quand tout a coup de vis une énorme boule de poil sauter sur ma mère. Je n'étais pas grand, pour mon âge, et j'avais des bras de la taille d'un fil de fer. Tenir un tisonnier m'était impossible, ou presque. Celle ci tomba a la renverse, et, au début, je croyais qu'elle était morte. La bête était au sol, et je vis, sans trop pouvoir me tromper, que c'était un loup garou. Pris de peur, je me suis éloigné, en reculant. C'est alors que j'ai vu son œil, brillant, me regarder. Il s'est jeté sur moi et a attrapé mon épaule avec sa gueule. Heureusement, il n'a pas eu le temps de me l'arracher. Il a juste eu le temps de me mordre... J'entendis ma mère hurler une formule magique, qui envoya le loup contre le mur.

« VA-T-EN ! VA CHEZ MR HARRISSON ! »
« Mais... »
« FAIS CE QUE JE TE DIS ! Je t'aime... »

J'ai regardé ma mère qui se tenait devant moi, face au loup. Elle avait les cheveux détachés, surement que son chignon n'avait pas tenu face au choc. Sa voix était dure, forte. Elle n'avait pas peur, enfin, c'est ce que je croyais. J'aurais aimé rester là l'aider, mais je devais lui obéir, c'était ma mère. Et puis, mon épaule me faisait si mal... je n'arrivais même plus à tenir le tisonnier. Alors je pris la porte et j'ai couru, couru aussi vite que je pouvais. Je n'avait pas encore pleuré, ce soir là, et pourtant, je commençais. Enfin, je vis la maison de Mr Harrisson. Il y avait de la lumière. La suite, on la connait. Il alla chez moi, et trouva ma mère, ainsi que le loup morts. Ils s'étaient tués tous les deux, dans un combat sanglant. On avait pas voulu que j'y entre, car c'était trop dur. Ma grand mère était tombée dans les pommes, et mon grand père s'était mis à pleurer. Il y avait du sang partout, et plus aucun meuble n'était à sa place. On aurait dit qu'un ouragan était passé dans la maison. Plus tard, je suis allé vivre chez ma grand mère et mon grand père. Mais je refusais de parler. A partir de ce jour, je n'ai plus parlé, plus même sourit pendant de longs mois. Jusqu'à que je rentre à Poudlard... Le premier mot que j'ai prononcé, c'était pour parler au professeur McGonnagal.